Quand en 1998, le président déchu nous a annocé la commercialisation de la première ligne téléphonique GSM, tout le monde s’est bousculé le lendemain pour avoir cette carte SIM à 150dt qui nous permettra, plus tard, de téléphoner et de s’échanger des texto. A l’époque, tout les moyens étaient bon pour avoir sa ligne GSM: appeler un ami «pistonné», devenir un médecin pour quelques heures (ils étaient prioritaires) ou même s’allier à une association (pour ne pas pas dire au parti politique qui gouvernait). Cette ligne GSM, fallait l’avoir, et tout de suite!
Dans la rue, au café, au restaurant ou même dans le bar, il suffisait d’entendre la fameuse sonnerie «Nokia Tune» pour que tout le monde nous regarde avec frustration..Merde, comment il a fait pour avoir une ligne!
Depuis, et pour quatre ans de suite, «l’opérateur historique» faisait sa fortune en nous vendant des cartes SIM, et rien que ça.
L’arrivée du «premier opérateur privé» a boosté le marché de la télécommunication. Décembre 2002, l’opérateur vendait déjà ses lignes GSM et on entendait les gens dire «Voilà que l’operateur du peuple est venu» ce qui laissait croire que «l’opérateur historique» était désigné comme étant, à l’époque, un opérateur d’élites!
En 2003, On voyait déjà les gens circuler avec deux mobiles dans la poche (ou dans les mains) ou un mobile double SIM. Ils suivaient avec attention les promotions pour voir laquelle des deux lignes faut il recharger, laquelle utiliser pour envoyer des texto, laquelle utiliser pour émettre des appels, et auquel des deux opérateurs faut il faire confiance durant les périodes de l’Aid pour être sûr que notre SMS est arrivé au destinataire. Le Bac, les résultats du CAPES, les résultats des concours, les offres des agences de voyages, les RDV ratés, les excuses, les félicitations, les condéloances, les déclarations d’amour, le tchat, les cours anglais, les quiz à deux balles, tout, on faisait tout par SMS! Le langage SMS monte alors en puissance, et on était donc en phase de réécriture du «Larousse» à la Tunisienne.
Sept ans plus tard, un troisième opérateur débarque avec ses offres internet mobile et ses smartphones! Rappel, on est seulement onze millions ou presque (sans compter les expatriés).
Pour arracher les clients, les trois opérateurs, ou TroïkaCom, faisaient appel à des agences de communication locales et du coup, on assistait à une guerre digne d’être assimilée à la guerre des partis politiques qui se déroule en ce moment même. Chacun des trois opérateurs se voyait le meilleur, chacun nous disait qu’il a le plus d’abonnés et nous, on devrait subir et consommer. Et vu que nous sommes le peuple consommateur par excellence, chacun de nous, s’est abonné aux trois opérateurs. D’ailleurs, c’était la raison pour laquelle les chinois ont inventé des téléphones triple SIM, importés et vendus au Souk Moncef Bey à 100dt.
Chaque abonnement est destiné à un usage bien défini. Par exemple, la ligne «opérateur historique» est le moyen de rappeler aux autres qu’on était parmi les premiers à avoir une ligne dans ce pays des merveilles. La ligne «premier opérateur privé» est plutôt une ligne business. Chez les jeunes, c’est la ligne grâce à laquelle on pouvait parler à nos amis à moindre coût. La ligne du troisième né, connu comme étant «l’opérateur 3G» est utilisée pour se connecter à internet via son smartphone, mais aussi pour appeler en illimité sa chérie, histoire de se parler plus qu’au téléphone qu’en «real-life».
Les bonus et les promotions se suivaient et se ressemblaient, des offres sur recharges, des offres pour se connecter «everywhere» à internet et poster ses photos prises au bord de la mer ou même au désert, d’autres pour recharger son téléphone via un distributeur automatique de billets, pour consulter son compte bancaire ou même pour envoyer ce fameux SMS «Apelle moi, je suis fauché», et nous, on consommait.
«L’opérateur historique» a même lancé une marque destinée aux jeunes de -25 ans pour concurrencer celle faite par «le premier opérateur privé». D’ailleurs, quand mon téléphone affichait un numéro avec ce préfixe destiné aux jeunes de -25 ans, j’avais la tête…bon je me tais.
Durant les jours qui ont suivi la fuite de Zaba, la TroïkaCom a décidé d’alimenter nos mobiles chaque 24h. On a eu donc droit à un dinar light (et il était vraiment light). Les numéros des services de sécurité (militaires et police) passaient au vert, sauf qu’ils étaient constamment occupés. Merci quand même.
Il est donc compréhensible que sur une population de onze millions et avec tois opérateurs téléphoniques, tout allait bien…Jusqu’au jour où, un de la TroïkaCom a decidé de tout casser. Désormais, on pouvait appeler tout le monde à un tarif unique: 99 millimes. L’offre destinée aux -25ans, presque morte, devait donc refaire surface, et elle n’a pas tardé! Et pour que la fête continue, «le premier opérateur privé» vient lui aussi de rejoindre ses amis-ennemis de la TroikaCom et a lancé sa petite offre de l’après révolution de la dignité et de la liberté, une offre qui ne sort pas du seau, et nous permettra d’appeler nos chers, non pas à 99, mais à 98 millimes! A l’instant même, j’ai une et une seule question pour laquelle je n’ai pas trouvé de réponses: mais est ce de la concurrence? Le fait de copier une offre et de la coller sans même la réajuster pourrait être considéré comme «innovation» et «génie»? Merci TroïkaCom, on vous aime, on ne peut pas vivre sans vous, mais auriez vous d’autres idées à nous proposer?
Demain, je voudrais avoir une meilleure qualité de réseau, une meilleure qualité de connexion, un tarif unique vers tous les opérateurs sans avoir recours à migrer vers l’offre 98 millimes (et donc perdre les bonus sur recharge et les promotions), une tarification à la seconde sur toutes les offres, une portabilité de numéro si je change d’opérateur, je voudrais aussi recevoir un message sur le coût de mon dernier appel émis, je voudrais payer mes factures via mon mobile..Demain, je voudrais voir d’autres opérateurs mobile virtuels en Tunisie..!
Dear Marketing Teams of TroikaCom companies, faites comme Issam Jemâa, «5arrej El Grinta Elli Fik».